Cédric Van Styvendael est le directeur général d’Est Métropole Habitat. Il évoque la question de la lutte contre la précarité énergétique.
Dans un tel contexte, comment luttez-vous contre la précarité énergétique ? Avez-vous un plan de rénovation de l’ensemble de votre parc ?
Nous avons un plan assez important. Avec la Métropole, nous nous sommes engagés à la réhabilitation de 300 logements par an. Nous pensons même en faire un peu plus grâce au prêt de haut de bilan de la Caisse des dépôts et consignations qui a mis en place après l’intervention de François Hollande lors du congrès de l’USH il y a deux ans. Nous avons eu la notification des enveloppes qui nous seront affectées. Pour Est Métropole Habitat, cela représente 11 millions d’euros de prêt. C’est un prêt à un taux de 0% pendant 20 ans suivi d’un taux livret A l’année suivante. Cela va nous permettre d’augmenter le rythme des réhabilitations énergétiques sur les trois ans qui viennent. On va monter en puissance sur les 3 ans qui viennent.
Quelle partie du parc va être concernée d’un point de vue géographique?
Il y aura des réhabilitations dans tous les secteurs, notamment sur Vaulx-en-Velin, Saint-Priest, Villeurbanne… Ce sont les endroits où nous avons le parc le plus ancien. Sur Décines, Bron, Meyzieu, notre parc est récent et n’est pas concerné par les réhabilitations énergétiques. A Vaulx-en-Velin, nous avons un gros projet sur les Noirettes. Nous avons 1000 logements qui vont faire l’objet d’une réhabilitation énergétique. Nous avons d’ailleurs lancé une consultation un peu particulière où l’on souhaite faire une expérience autour de la maquette numérique afin d’améliorer les coûts de réhabilitation, sans tomber dans les travers de ce qu’on a connu dans les années 80 en matière de réhabilitation. L’idée, c’est que nous puissions, avec les maquettes numériques et les nouvelles technologies, avoir des vêtures très différentes, mais avec un même procédé industriel qui permette de maitriser des coûts. Nous nous sommes inspirés d’une expérience européenne où toute la partie isolation est conçue en usine. Elle est ensuite positionnée par un repérage satellite en façade, grâce à la maquette numérique. Nous arrivons à avoir des marges d’erreur de moins de 5 millimètres pour pouvoir positionner les vêtues en façades. Cela permet d’envisager l’amélioration de l’enveloppe du bâtiment d’une manière très différente de ce que l’on fait actuellement.
Nous avons fait plusieurs opérations de réhabilitation BBC rénovation, grâce à l’appui de la Métropole sur une phase expérimentale sur les trois dernières années, notamment sur la résidence Pélisson, avec 300 logements en BBC. Nous commençons à maitrise la rénovation BBC pour le parc existant.
A terme, c’est quelque chose de positif pour les locataires ?
C’est quelque chose de clé. Pour l’instant, les prix du pétrole ont baissé, donc on ne voit pas tous les effets positifs que cela peut engendrer, du fait de l’absence d’une montée exponentielle des prix de l’énergie. Mais ces opérations permettent de baisser significativement les consommations énergétiques et le cout de la facture. Nous baissons de 50% les consommations et nous faisons baisser de 30% le cout de la facture énergétique. C’est vraiment intéressant.
Faites-vous un retour aux associations de locataires ?
Bien sûr. Pour les réhabilitations, on met en place la troisième ligne de quittance. L’Etat permet de partager en deux les économies réalisées entre le locataire et le bailleur qui réalise la réhabilitation. Nous nous servons de cette ligne-là, car, sans cela, nous n’y arriverions pas d’un point de vue financier. C’est souvent contesté par les associations de locataires, et elles sont extrêmement vigilantes à bien vérifier que le cout va baisser pour elles, car une partie de ce cout leur est refacturé.
Quel est le cout moyen d’une réhabilitation ?
Il est très compliqué de donner un coût moyen. Nous serons plutôt de l’ordre de 50.000 euros par logement lorsque l’on réalise une réhabilitation énergétique ambitieuse. Mais nous aurons parfois des réhabilitations qui se chiffreront à 40.000 euros par logement quand d’autres atteindront 60.000 ou 70.000 euros. La grosse variable dans les coûts, c’est le poids de l’amiante.
Sur ce dernier point, votre parc est-il particulièrement touché ?
Il est touché comme tous les bâtiments publics construits dans cette les années 50, 60 et 70. Mais pas plus que dans le parc privé… Il y a de l’amiante comme dans tous les bâtiments construits à ce moment-là. Mais on peut dire que les bailleurs sociaux sont plutôt en avance par rapport aux copropriétés sur la question du traitement, des diagnostics, et de la qualification de nos équipes d’intervention.
C’est un sujet d’une sensibilité financière considérable pour nos organismes. Le coût des diagnostics pour un office comme EMH est de l’ordre de 3 millions d’euros pour l’année 2017 en coût de fonctionnement pour réaliser tous les diagnostics amiante à la relocation. Avant de relouer un logement, il faut parfois refaire une peinture, un enduit, et la loi oblige, dans l’optique d’une protection des travailleurs, à vérifier à ce qu’il n’y ait pas d’amiante dans le logement avant de réaliser les travaux.